lundi 24 septembre 2012

Jericho Z Barrons et l’Ondine sibylline #18 par Erika Cazaux


Quoi mes ptits culs?
On est déjà lundi?
Mais qu'on arrête ce temps qui passe trop vite.
Enfin bon qui dit lundi dit le slip de David gandy et la fan fiction D'érika. 
Double dose de bonheur.







Jéricho Z Barrons et l’Ondine sibylline

Extrait n°18

            Barrons, les sens encore excités par leurs fougueux ébats, avait aperçu Arielle s’approchant dangereusement d’un cheval de couleur ébène qui, aux yeux d’un être humain, pouvait sembler fort attirant et avenant. Or, il n’en était rien…
Le folklore féerique et notamment celte, nomme cette sournoise créature un Each Uisge[1].
Ce prétendu cheval (parfois il prend les traits d’un homme séduisant) se recouvre d’un charme qui lui donne l’allure d’un étalon, le dote d’une grâce féline et pousse sa future victime à ne désirer plus qu’une chose : le chevaucher. Seuls indices qui pourraient détourner cette dernière de ce monstre sont les élodées[2] qui se mêlent à sa crinière. Toutefois, la fascination est tellement forte qu’elle finit quasiment toujours par monter sur le dos de la créature. De plus, si l’attaque masquée de la créature a lieu la nuit, le halo de lumière iridescente qui l’entoure brille davantage pour éclairer les pas de son futur butin.
Et alors, celle-ci est emprisonnée par la viscosité et l’adhésivité de la peau du Each Uisge. Une odeur ou une vision d’eau à ce moment-là présage de l’imminente et douloureuse mort de l’ensorcelé. L’enchantement rompu, la proie découvre avec répulsion que ce cheval est d’une laideur atroce et qui plus est, se révèle terrifiant et maltraitant.
À moins de dérober la bride[3], le plus souvent de couleur noire, et de pouvoir alors s’extirper de la créature, ce qui est extrêmement rare, il est trop tard. La personne dupée ne peut plus se dégager de la supercherie de cet esprit maléfique et se trouve emportée à grands galops dans les profondeurs marines. Cette monstruosité noie l’innocent puis, le ramène sur le rivage et se délecte de son corps ainsi que de ses entrailles à l’exception de son foie.

            Voilà ce qui attendait Arielle si Barrons n’atteignait pas à temps cet esprit maléfique.
Il se trouvait à plus d’une centaine de mètres de la jeune femme qui avançait de manière hypnotique vers la créature. Cette dernière se tenait tranquille et faisait face à Arielle comme si elle l’attendait patiemment. Elle se reposait sous l’épais feuillage d’un gigantesque arbre situé à quelques mètres seulement de la falaise surplombant l’océan.
Barrons commença à hurler dès qu’il perça l’enjeu de la situation. Plus il se rapprochait et plus cette immonde créature lui semblait familière. C’est alors qu’il reconnut la tâche aux angles bien plus carrées que les autres du Boobrie rencontré deux jours auparavant. Finalement, Arielle avait eu raison d’être effrayée par ce ridicule canard. Il comprenait également désormais la source de la récente agitation interne de son instinct animal qu’il avait fermement décidé d’ignorer lors de leur trajet. Arielle mettait à rude épreuve ce qu’il était et sa joie l’avait conduit à une situation des plus dramatiques.

Arielle, quant à elle, était donc sous le charme de cette affreuse créature mais n’en avait pas conscience. Elle qui était si pure et naïve, malgré une répartie parfois acerbe lorsque lui-même ou Hawk le méritait, Barrons l’avait toujours connue très chaleureuse et bienveillante. Découvrant un cheval esseulé, il n’était pas surprenant qu’elle ait souhaité lui prodiguer quelques caresses, bien loin de s’imaginer qu’elle risquait de périr à cause de sa bonté.

            Tout en se précipitant à vitesse effrénée vers Arielle, Barrons hurlait de toutes ses forces ; des inflexions rauques et animales s’échappaient de sa gorge. Il ordonnait à Arielle de s’écarter de ce maudit cheval et pourtant, elle qui sursautait au moindre son de sa voix, à cet instant-là, elle semblait ne même pas l’entendre. Elle était totalement subjuguée par la créature.
En quelque pas Barrons avait parcouru une distance phénoménale mais ce n’était pas suffisant pour empêcher sa bien-aimée de se rapprocher sensiblement de l’animal la main tendue en avant. Alors qu’il continuait à s’époumoner, il sentit une colère se propager dans tout son corps, ses muscles déjà puissants s’étirèrent davantage, ce qui lui permit d’accélérer encore le pas.
Il n’était plus qu’à de minuscules mètres d’Arielle lorsqu’il constata tragiquement qu’elle s’apprêtait à toucher la crinière, d’un brun luisant et lisse pour elle, mais ébouriffée, parsemées d’élodées soit, terriblement hideuse et repoussante pour lui. Elle caressait maintenant à pleine main la tête puis le flanc du cheval. Celui-ci semblait hennir de plaisir pour sa victime, mais qui vraisemblablement, bramait comme une harpie pour ceux qui n’étaient pas sous le charme. Barrons était très contrarié par ce qu’il voyait se dérouler sous ses yeux et se sentait impuissant. Il pestait si fort qu’il devait même déranger le calme habituel des montagnes environnantes.
Arielle enfonça son premier pied dans l’étrier et donna l’impulsion nécessaire pour monter sur le dos de cette abomination. Une fois le corps d’Arielle entièrement sur la croupe du Each Uisge, celui-ci commencerait à cavaler et il serait trop tard, il n’y aurait plus de retour en arrière…
Même s’il était d’une rapidité inhumaine, Barrons ne pourrait pas rattraper l’animal en furie. D’autant plus que celui-ci était bien trop près de la falaise de laquelle il s’élancerait sans même que Barrons ne puisse agir, et il serait trop tard… Il perdrait Arielle définitivement !!!

Quelle serait sa vie maintenant qu’il avait connu le plaisir de la chair accompagné de la joie de partager la même passion pour l’existence à l’état sauvage et pour les éléments naturels ? Et puis, il voulait tellement la connaître et découvrir ce qu’ils avaient d’autres en commun ! Il n’avait eu que trop peu l’occasion de profiter de son érudition, pourtant il savait combien elle était brillante. Sa répartie si aiguisée et ses propos tellement soignés, malgré son amnésie, faisaient d’elle une femme intelligente et cultivée.
Si seulement, il avait pris le temps de retracer son histoire au lieu de l’entraîner constamment dans les dédales du Sexe. Même si elle n’en avait plus le souvenir, il aurait pu tenter de l’aider à recouvrer quelques bribes de son passé. La seule initiative qu’il avait prise dans ce sens était la visite des pierres levées de Ban Drochaid ce jour-même. Mais pour l’instant, ils n’en avaient pas encore discuté. Il ne savait toujours pas pour quelles raisons elle avait réagi si intensément au contact de cette terre. Bien qu’elle soit vigoureusement chargée énergétiquement, il ne s’expliquait pas le comportement excessif de son Ondine. Or, il aurait souhaité être dans la confidence, appréhender les ressentis de sa bien-aimée. Il ne saurait jamais… Et elle... elle n’apprendrait jamais ce qu’il éprouvait pour elle. Oui, d’ailleurs, qu’éprouvait-il pour elle ?
Mais qu’est-ce que ça peut bien faire hein ? Qui s’en préoccupe ??? On s’en contre-fiche de ce que je peux ressentir si Arielle doit crever sous les crocs de ce monstre ! ENFER !!! N.O.N. !!! Je ne peux laisser un tel monstre me l’arracher alors que j’ai tant de délicieux moments à vivre encore avec elle !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Ce furent les dernières pensées qui traversèrent l’esprit de Barrons avant de se jeter tel un animal enragé sur Arielle, qui était, l’estimerait-elle encore quelques secondes, confortablement installée sur la selle d’un sublime et plaisant cheval.
Barrons avait bondi, aussi agressivement voire mieux, qu’une panthère sautant sur son gibier. Il se surprit lui-même de la force décuplée dont il fit preuve car malgré les infimes chances d’atteindre Arielle, il parvint pourtant à la projeter au sol. Il réussit cette performance alors que celle-ci avait déjà saisi la bride de cet horrible cheval et qu’il s’élançait dans un galop dépassant l’entendement.
Barrons avait donc pris la place de la future condamnée. Il ne savait pas comment elle se portait et au lieu de s’intéresser aux prochains gestes à accomplir pour se libérer de l’emprise de son agresseur, il s’inquiétait de la santé d’Arielle. Il craignait en effet de l’avoir blessée en la propulsant si violemment du Each Uisge.
Et si elle a percuté le tronc de l’arbre dont cette créature était si proche ? Et si elle avait perdu connaissance alors que je ne suis pas avec elle, qu’elle est seule ??? Et si par chance, elle était seulement tombée sans se meurtrir démesurément, a-t-elle réussi à se soustraire de l’enchantement ? A-t-elle retrouvé la raison ? Et s’il lui prenait l’envie de se jeter du haut de la falaise à cause du sort brisé si brutalement ? ENFER !!!!!!!!!!!!!!! Cette femme me torture sans même me toucher !
– JE LA DÉTESTE, JE LA DÉTESTE, JE TE DÉTESTE ARIELLE RAYNA, braillait-il avant de se reprendre et de se concentrer sur la prochaine des actions à entreprendre.

Tandis que le Each Uisge se dirigeait vers le bord du précipice comme il le redoutait, il ne pouvait ni lâcher la bride, ni se détacher de la peau adhérente de la créature. S’il n’y parvenait pas à temps il allait indubitablement faire un plongeon vertigineux dans des eaux profondes qui le rejetteraient certainement de manière violente. Il en avait fait l’expérience quelques jours auparavant. L’issue n’était pas des plus favorables pour lui. Des réminiscences de cette insupportable sensation d’un corps se décomposant l’assaillirent. Il revécut cette métamorphose animale un instant. L’événement passé, il n’y avait plus songé une seule fois depuis.
Alors que la bête emballa son pas juste avant de fondre sur la bordure du promontoire et de s’élever dans les airs, Barrons eut l’intuition que peut-être il pourrait faire appel à cette part de lui-même qu’il n’avait jamais cherché à connaître.
La créature lui parut voler, puis comme si elle galopait sur un sol invisible elle était déterminée à rencontrer les flots une centaine de mètres plus bas. Barrons tentait vainement de s’extraire de l’adhésivité écœurante de cet esprit malfaisant, mais rien n’y faisait. Il ne pouvait même pas remuer. Toutes les parties qui épousaient le corps de cette ignominie ne pouvaient faire le moindre mouvement. Une pointe de dégoût s’empara de lui. Jamais il ne s’était senti prisonnier de la sorte. En dépit de sa longue vie, pas une seule fois il avait souffert d’un tel asservissement. Même s’il avait connu de nombreuses situations douloureuses, son corps, son meilleur allié, s’était toujours remis plus ou moins rapidement, des blessures issues d’ennemis tous plus vils les uns que les autres.
La dernière personne qui avait tenté de le diminuer était cette gitane malintentionnée. D’ailleurs à ce sujet, il réalisa qu’Arielle, sans le savoir, l’avait détourné de sa vengeance, il n’avait en effet plus pensé à aller rendre une cordiale visite à celle qui avait souhaité l’anéantir. Esméralda avait été épargnée grâce à l’intérêt suscité par Arielle. Il était tellement tourmenté par cette dernière qu’il avait complètement oublié cette fâcheuse anecdote jusqu’à cet instant.
Il faudrait pourtant la faire payer pour ce qu’elle avait osé lui faire subir. Mais pour l’heure, il se rappelait surtout la promptitude de sa guérison corporelle. Bien qu’il ait été privé de quasiment tous ses sens, ils étaient réapparus soudainement sans qu’il ne comprenne réellement la raison de ce brutal rétablissement.
Malgré la colère occasionnée par ce souvenir désagréable additionnée à celle de la situation actuelle déplaisante, une autre réminiscence se manifesta. Les vestiges des caresses échangées avec Arielle, sans connaître son identité à ce moment-là, dans la fauconnerie de Hawk lui arracha un sourire niais. Il ressentit dans son giron l’empreinte de cette étreinte. Maintenant qu’il risquait de la perdre, il acceptait combien cette femme l’avait transformé. Il n’était plus le même homme depuis que leur regard s’était croisé. Au demeurant, il y avait fort à parier, que si ses sens avaient retrouvé leur vitalité lorsqu’ils s’étaient embrassés pour la première fois, ce n’était absolument pas un hasard.
Cette femme lui faisait un effet sans précédent !

Même s’il se remémorait d’exquis moments partagés avec Arielle, il avait fourni de stériles efforts enragés. Cependant, il n’avait effectivement pas pu s’extirper de la peau gluante de cette horreur. Et, c’est dans un fracas assourdissant qu’ils heurtèrent l’eau alors que Barrons goûtait encore à cet ardent baiser. Cette créature envisageait de poursuivre sa course dans les profondeurs marines.
Or, dès que Barrons pénétra dans l’eau une réaction épidermique se produisit. Le malfaisant s’enfonçait dans l’eau pendant que l’impensable se déclencha.
La métamorphose qui avait commencé mais rapidement cessé lors de son dernier bain océanique, en bousculant seulement son ossature et son métabolisme, se répéta. Il était toujours sur le dos du Each Uisge quand il ressentit tous ses os s’allonger, ses muscles et tendons infiniment s’étirer, sa peau craqueler et alors il fut dépecé. Barrons souffrait le martyr, il n’avait jamais ressenti un tel supplice physique. Même la première fois que son corps avait connu les prémisses de cette transformation, elles n’avaient pas été aussi douloureuses.
Aujourd’hui, tout son corps mutait en une forme bestiale. Ses vêtements se déchirèrent au fur et à mesure de sa mutation.
Ses mains déjà colossales s’agrandirent et quadruplèrent. Ses ongles s’arrachèrent pour laisser place à des griffes pointues. Ses bras et jambes se modifièrent en membres costauds d’animal imposant. Quant à ses pieds, ils se développèrent et prirent une forme palmée à cinq orteils également munis de griffes. Ses pectoraux et ses abdominaux si proéminents continuèrent de se sculpter.
En parallèle, il avait l’impression que sa boîte crânienne explosait. Son faciès évoluait jusqu’à ce que ses traits humains disparaissent. La taille de ses dents augmenta au point de devenir des crocs aussi affûtés que ceux d’un morse. Ses yeux si foncés habituellement changèrent également. Ses pupilles avaient cédé la place à des orbites d’un rouge naissant irradiant. Son regard était effroyable. Il bénéficia alors d’une vision aquatique sur-développée et perçut des bancs de poissons, pourtant de grande taille, qui semblèrent terrorisés par lui. Il ressentait émotionnellement la peur qu’il causait au monde sous-marin. Deux cornes de bélier lui poussèrent au sommet du crâne, suivies de deux autres plus petites et droites de chaque côté de la tête encadrant ses oreilles. Celles-là se prolongèrent d’ailleurs et rappelèrent celles des elfes. Sa chevelure déjà longue à l’origine s’étendit encore.
Son audition aussi se précisa alors qu’elle était déjà bien plus aiguisée que celle d’une oreille humaine ordinaire. Son odorat en fit de même.
Même son membre déjà si viril s’allongea et le diamètre s’accrût. Il était proportionnel à l’inconcevable carrure qu’était désormais la sienne.
Pour finir, une fourrure sombre aux poils longs naquit sur les avants bras de la peau entièrement brune de Barrons. Malgré sa terrifiante physionomie, il n’en demeurait pas moins charismatique.
Il mesurait désormais deux fois plus que sa taille déjà impressionnante à l’origine.
Son corps n’avait donc plus rien en commun avec celui de l’homme moderne, mais ressemblait plutôt à celui d’un homme transformé en animal sauvage et meurtrier. Il était devenu une bête : le Barrons-bête.

            Un son guttural faisant trembler les êtres vivants sensibles à des kilomètres à la ronde le libéra de l’épouvantable sensation vécue jusque là. Le calvaire cessa immédiatement. Il gronda plus que de raison jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que le seul lien qui le retenait encore à la créature était son maintien de la bride. En outre, il n’était plus vraiment sur le cheval puisqu’il était beaucoup plus grand que celui-ci. Il comprit avec amusement qu’il était en train de le couler plutôt que d’être mené par son adversaire. La tournure de la lutte s’était modifiée sans même qu’il ne remarque qu’il avait pris l’avantage. Il lâcha une fraction de seconde la bride pour vérifier ce fort pressentiment. Le Each Uisge, apeuré et troublé par l’aspect effrayant de sa supposée victime, tenta de fuir à toute vitesse. Le Barrons-bête se lança alors à la poursuite du déserteur, non sans éprouver quelques difficultés à nager avec ce nouveau corps. Sa colère s’était convertie en excès de violence.
Il le rattrapa aisément et le saisit volontairement par la bride. Ainsi, c’est lui qui prit les reines et le conduisit vers le rivage. Pour la première fois depuis leur rencontre, il montrait sa supériorité à l’attaquant. Il allait lui faire regretter de… qu’allait regretter ce monstre ?
Le Barrons-bête n’avait aucune idée de la façon dont il était apparu ici, mais ce qui était certain, c’est qu’il allait tuer cette créature ! Seul comptait son désir viscéral, vital même, de le massacrer. Il n’avait nullement besoin d’un motif.
Sa conscience s’étant quelque peu égarée au fond de l’océan, il ne prit pas le temps de se demander ce que le changement de milieu provoquerait. Resterait-il sous cette forme certes bestiale mais franchement robuste et invincible ?
Toutefois, le Barrons-bête conservait une part humaine. Et au plus profond de lui-même, dans une partie totalement inconsciente à laquelle la bête n’avait pas accès, il savait qu’il fallait en finir avec cet Each Uisge. Effectivement, à en juger par le nombre de foies desséchés rejetés sur la plage, il n’en était pas à sa première victime. Cette atrocité devait être mise hors d’état de nuire ; il avait suffisamment fait de dégâts. Et puis, cette partie de lui-même ensevelie ne voulait en aucun cas défier le destin, si Arielle et lui se sortaient indemne de cette mésaventure, il fallait définitivement éradiquer ce fléau et éviter ainsi une récidive de sa part.

            Le Barrons-bête sortit de l’eau le monstre qu’il traînait maintenant par la bride. Celui-ci se débattait mais était bien moins vigoureux. Il découvrit, jubilant, qu’il pouvait aussi bien se tenir debout que se mettre à quatre pattes. Jouir de ces deux différentes mais complémentaires postures favorisait sa garde.
La partie humaine du Barrons-bête fut donc extrêmement soulagée de conserver sa forme animale, ainsi ils pourraient se battre à armes égales.
            S’ensuivit un combat féroce entre deux créatures sauvages qui s’opposaient dans le seul but de supprimer son adversaire.
Grâce à sa bestialité nouvellement acquise, le Barrons-bête put administrer des coups à son persécuté à la hauteur de la colère qu’il avait éveillée.
Cette bataille dura cependant un certain temps, le Barrons-bête était assurément plus fort mais ne maîtrisait pas encore sa récente apparence. Plus d’une fois, il fut terrassé par le Each Uisge qui profitait du noviciat de son ennemi. Mais il se relevait plus puissant à chacune des attaques sournoises du monstre. Alors que ce dernier asséna un violent coup au Barrons-bête, la rage de ce dernier se décupla tellement que ses griffes déjà acérées s’allongèrent davantage.
Il dissimula ses mains animales derrière son dos. Lorsque la créature le chargea, tandis qu’il sembla se laisser faire, de ses nouveaux couteaux faisant office d’ongles, il lui trancha le corps en deux. L’hémicorporectomie subie par le Each Uisge lui rendit sa forme humaine. Avant d’être une ignoble créature, il avait probablement dû être un homme. Celui-ci eut la force de supplier le Barrons-bête de l’achever. Il le démembra aussitôt lacérant ce corps à coup de griffes. Il laissa libre cours à sa rage ; il avait besoin d’évacuer toute la colère accumulée depuis qu’il avait tremblé à la perspective de perdre Arielle. Lorsqu’il commença à dompter son irritation, il partit en quête de branches sèches afin d’allumer un feu et de brûler les restes écharpés. En quelques foulées il avait rejoint la falaise à plus de cinq kilomètres d’où se trouvait Arielle toujours inconsciente. Il avait récupéré des bouts de bois qui permettraient d’enflammer sa victime. Il devenait aussi efficace dans la posture animale qu’à l’aise avec ses pattes supérieures dotées de griffes rétractables. Il jeta habilement les membres de son assaillant dans le feu. L’hégémonie d’un esprit si malveillant terrorisant ses victimes jusqu’à leur mort certaine prit ainsi fin.

            Depuis qu’il s’était transformé en une bête redoutable, Barrons n’avait plus eu une seule réelle pensée pour Arielle. D’ailleurs, le Barrons-bête ne réfléchissait plus comme un être humain mais comme un prédateur. Cette lutte lui avait atrocement ouvert l’appétit. Il arpenta à nouveau à quatre pattes les landes de bruyère très sèches en cette saison et fit un carnage dans la forêt la plus proche pendant des heures.
Une fois rassasié, le Barrons-bête s’endormit dans un terrier qu’il avait lui-même creusé en deux coups de griffes.

h

            La bousculade de Barrons avait coûté à Arielle une perte de connaissance. Comme il le craignait, il l’avait involontairement blessée. Le côté droit de sa face avait percuté le tronc du colossal arbre très proche du prétendu cheval.

Quelques minutes plus tard, elle s’était réveillée en sursaut, les idées confuses et un goût métallique dans la bouche.
De prime abord, elle ne se souvint plus où elle se trouvait. Sa seconde pensée alla à Barrons.
Où était-il et… oh mon dieu, il est… il est… Est-il parti comme il a l’habitude de le faire ? M’a-t-il quittée une énième fois ? Non, ce n’est pas possible, il me semble que notre relation progresse. Il n’a pas pu me laisser ici dans une nuit entièrement enténébrée sans même une source lumineuse. Comment a-t-il osé ? Non, le Jéricho de ces derniers jours n’aurait pas pu me de délaisser de la sorte. C’est juste IMPOSSIBLE !
Arielle commença à bramer :
– JÉRICHO, OÙ ES-TU ? … SI TU TE CACHES, JE TE JURE QUE JE TE RETROUVERAI ! JE TE RETROUVERAI À L’AUTRE BOUT DE LA TERRE S’IL LE FAUT !!! JE TE JURE QUE JE TE RETROUVERAI ET JE T’ENCHAÎNERAI !!! … SI TU TE…

Arielle agacée et inquiète, hurla jusqu’au moment où une vive douleur du côté droit de sa tête interrompit ses jérémiades. Elle explora d’un doigt son cuir chevelu et fut surprise de constater qu’une matière épaisse et visqueuse collait quelques mèches entre elles. Elle ne put retenir un cri de souffrance lorsqu’elle toucha la contusion. En même temps une sensation désagréable dans sa pommette se réveilla. De la pulpe de son index, elle effleura le côté droit de son visage. Elle partit de la mâchoire, remonta la joue, passa par la pommette et insista sur l’arcade sourcilière où elle sentit une plaie ouverte. Elle sentit qu’un filet de liquide coulait sur sa joue mêlé à une texture déjà séchée. Elle devait saigner en continu depuis un moment. L’arcade sourcilière est une partie du visage très sensible à la moindre meurtrissure. Angoissée, elle pétrit le côté gauche de sa tête et il lui sembla alors que le droit avait doublé de volume. De plus, elle éprouvait des difficultés à ouvrir l’œil de ce même côté. Cette face était tuméfiée par l’impact. Et, l’entaille faite laisserait probablement une cicatrice partant de sa pommette et remontant sur trois cm environ parallèle à la courbe de son sourcil. Quant au goût âpre qu’elle avait dans la bouche, il venait d’une blessure qu’elle s’était infligée certainement en se mordant l’intérieur de la bouche lors de la collision.
Progressivement, elle revenait à elle, et même si elle ne s’était pas encore relevée, elle recouvrait la mémoire du tragique accident. Elle se rappelait avoir été violemment projetée du cheval par Barrons. Le temps que dura son écroulement, elle avait vu une créature hideuse s’enfuir à toute vitesse vers la falaise. Pour quelles raisons avait-elle approché cette créature ? Pourquoi avait-elle été aussi captivée par celle-ci ? Le charme s’était rompu dès qu’Arielle avait lâché la bride du prétendu cheval. Un cri d’horreur s’arracha de la gorge tendue d’Arielle qui comprit que le monstre avait emporté son bien-aimé. Elle s’effondra alors à terre dans la même position que précédemment et sombra dans un sommeil agité ou plutôt une sorte de transe.
Une quinzaine de minutes plus tard, comme si elle était possédée, elle se redressa, se leva et se mit à marcher droit devant. Malgré l’obscurité elle percevait parfaitement les alentours et d’un pas décidé et rapide elle chemina vers les pierres levées de Ban Drochaid. Elle s’arrêta près d’une source d’eau pour nettoyer son visage souillé de sang. Toutefois celui-ci n’était plus du tout enflé, elle n’avait aucun hématome et l’entaille qu’elle avait sentie n’était désormais qu’un trait à peine perceptible d’un centimètre environ. Elle ne chercha pas à percer les mystères de cette guérison spontanée. Dès que son apparence la satisfit, elle se remit en route et parcourut une assez longue distance en un laps de temps minime.
Sitôt qu’elle fut à quelques mètres de sa destination, un sourire étrange s’étira sur ses lèvres. En effet, elle avait les traits d’une autre personne, elle était à nouveau ensorcelée, mais par des forces différentes à celle du Each Uisge. Elle rejoignit le centre des treize menhirs et s’écroula.


Aniabeilla, c’est moi, c’est ton maître. … Aniabeilla, quand vas-tu cesser de fricoter avec cette sous-espèce ??? Quand hein ?
Combien de châtiments vas-tu devoir recevoir avant de comprendre que tu n’es pas des leurs, tu n’es plus des leurs. Vais-je devoir te battre encore longtemps avant que tu admettes cette vérité ?

Dariellae, ma chère Dariellae, grande prêtresse … Dariellae, consens-tu à te sacrifier pour ton peuple ? Je t’assure que j’apporterai la protection, la sécurité et l’abondance aux tiens si tu m’accompagnes dans mon univers. Dariellae, as-tu confiance en moi, ton amie de toujours ?

Aniabeilla, ma Princesse, une éternité passée auprès de toi ne sera pas suffisante pour me combler. … Même s’il m’arrive parfois de goûter aux fruits juteux d’autres Déesses… ah mon Aniabeilla, mon amour, tu resteras toujours ma préférée… Ne sois pas fâchée… la fidélité… lorsque nous sommes immortels… n’est pas de mise !


Arielle était inconsciente depuis près de sept heures alors que le soleil commençait à se lever célébrant le premier jour du mois d’octobre. Depuis qu’elle avait défailli sur le sol de cette Terre sacrée, elle était la proie à d’atroces cauchemars proches d’hallucinations. Ces dernières ressemblaient d’ailleurs fortement à celles vécues près du Loch pendant des jours. Trois situations totalement différentes s’alternèrent et se réitèrent inlassablement jusqu’à ce qu’Arielle, enfin, parvienne à s’affranchir de ces voix envahissantes.
Elle était interpellée par trois personnes dont les visages demeuraient parfaitement voilés.
Seule la femme la nommait « Dariellae ». Elle s’adressait à elle sur un ton compatissant et aimant. Arielle se sentait amicalement attirée par elle, assurément elle la connaissait puisqu’elle éprouvait une inconditionnelle admiration pour elle.
Les deux hommes quant à eux l’appelaient « Aniabeilla », l’un d’une voix douce et amoureuse, le second en revanche la brutalisait. Elle avait des sentiments affectueux pour le premier qu’elle regardait de manière attendrie et auquel elle se sentait liée sentimentalement.
Mais, elle avait également des réminiscences physiques et émotionnelles de mauvais traitements administrés par l’autre homme. Même si elle ne s’en rappelait pas, elle avait cauchemardé dernièrement de celui-ci lorsqu’elle était restée inanimée cinq jours sur le rivage du Loch. En cette nuit de Samhain, les mêmes souvenirs accompagnés d’autres refirent surface. En effet, elle se retrouvait dans une pièce exiguë, soumise au bon vouloir de son bourreau qui lui répétait indéfiniment qu’elle était sienne, que le royaume de Dalkeith n’avait rien à lui offrir et que Hawk encore moins. D’après l’agresseur, leur cour était bien plus luxurieuse et prolixe. Ce dernier la malmenait à coup de mots assassins mais aussi du plat de sa main leste. Arielle était couverte d’ecchymoses qui étaient douloureuses, toutefois elle était bien plus affligée par son emprisonnement et la maltraitance psychologique subite. Elle ne montrait aucune peine à son tortionnaire, elle lui tenait tête et affichait constamment un air stoïque. Pour rien au monde elle ne souhaitait lui faire le plaisir de lui démontrer à quel point il l’offensait. Arielle était une jeune femme forte et opiniâtre. Elle en avait connu des déboires, alors elle ne laisserait pas un faible d’esprit s’en prenant aux femmes l’atteindre. Même si sa personne devait être rudoyée à un point inimaginable, elle conserverait sa dignité jusqu’à ce qu’il s’essouffle ou pire, jusqu’à sa mort…

            Grâce à la force de sa volonté, Arielle réussit à endiguer le flot incessant de paroles de ces trois personnes appartenant à son passé. Brusquement, elle s’arracha de son pseudo-sommeil et de cet envoûtement déroutant. Et cette fois-ci, à son réveil, elle se souvenait à la perfection des trois scènes vécues. Même si le visage de ses interlocuteurs ne se précisait pas, elle entendait encore distinctement leur voix résonner dans sa tête. Elle ressentait dans sa chair, la plaisante évocation d’une amie et d’un probable fiancé mais aussi, les blessures tant corporelles que mentales d’un homme impitoyable.
En revanche, elle ne savait pas pour quelles raisons elle se trouvait dans le lieu visité quelques heures auparavant avec Barrons, ni par quels moyens elle s’y était rendu.
À ce sujet… où est Jéricho ?

h

À quelques mètres d’Arielle, le Barrons-bête flaira une odeur familière et s’en approcha à pas feutré. Il découvrit une jeune femme tourmentée qui faisait les cents pas dans une circonférence relativement étroite. Cette vision le troubla plus que de raison et une violente céphalée s’empara de lui. Il n’eut pas le temps d’hurler qu’il s’affaissa sur le sol et s’évanouit.

Cinq minutes plus tard Barrons se réveilla, nu comme un ver, à la lisière d’une forêt. Seule une poignée de secondes suffit à lui dévoiler ce qui venait de se produire pendant les dix heures précédentes. Il n’était pas surpris par la transmutation vécue ; au fond de lui, il avait toujours su que les ténèbres s’affairaient dans ses entrailles. Depuis quelques mois, il sentait qu’elles étaient sur le point de céder. C’est alors qu’il avait rencontré Arielle et que pour une raison inconnue, celles-ci s’étaient renforcées pour que d’autres soient menacées. En effet, sa part sombre prenait en otage son cœur depuis toujours, mais cette jeune femme était parvenue à reculer le mal qui le rongeait et à le braver pour faire naître des émotions en lui. Toutefois, risquer de la perdre à cause d’une créature malveillante avait éveillé la bête qui sommeillait en lui. Et maintenant qu’elle avait envahi son corps, pourrait-il la dompter ?

Il s’était relevé et de là où il se tenait, il contemplait Arielle, manifestement perturbée. Sa vision encore plus précise à présent, il pouvait l’observer comme s’il était à côté d’elle. Elle paraissait contrariée mais aussi attristée. Il supposait qu’elle l’était certainement à cause de son absence inexpliquée. Elle estimait probablement, mais à tort, qu’il l’avait fuie une nouvelle fois. Il décida alors que plus jamais il ne voulait la quitter. Si Arielle avait percé sa carapace et, reculé jusqu’à ce fâcheux événement sa noirceur, elle pourrait continuellement le faire sans même savoir ce qu’il en était réellement. De plus, elle n’était pas du genre indiscret, il pourrait donc s’abstenir de lui révéler ce qu’il était véritablement. Elle n’avait pas besoin de savoir. Tant qu’il resterait auprès d’elle et qu’il éliminerait le danger lorsque ce serait nécessaire, il n’aurait pas à craindre une éventuelle transformation.

Alors qu’il était en train de déraisonnablement divaguer, impulsivement il abandonna sa cachette, s’avança d’un pas déterminé vers Arielle tout en bramant férocement :
– ENFER Arielle, tu es là friponne ! Ne me refais jamais plus un coup pareil ou je t’achève moi-même c’est compris ?! Ne t’avise plus à t’éloigner de moi de la sorte, d’autant plus pour un animal si répugnant ! T’as compris ?! Ne me quitte plus ou bien je te tue de mes propres mains !!!
Barrons avait crié, s’emportant de plus en plus, mais malgré des airs menaçants, son visage semblait détendu et heureux de retrouver sa bien-aimée vivante et rayonnante. Arielle se jeta à con cou. Et, penaude, elle ne sut que répondre. Elle était encore tourmentée par les dernières heures qu’elle venait de vivre. Toutefois, elle pressentait qu’à sa manière, d’une façon rustre, son Jéricho lui avouait des ressentis dépassant l’attirance sexuelle et les liens amicaux.
Peut-être bien qu’il est en train de reconnaître qu’il m’apprécie ? Peut-être qu’enfin ces odieuses cuirasses s’effondrent ? Serait-il en train de m’annoncer qu’il ne veut plus me quitter… qu’il m’ai…
Encore enfouie dans les bras de son homme, Arielle fut brutalement éloignée de son giron et en même temps tirée de sa rêverie. Il planta un regard des plus sombres dans les prunelles interdites de celle-ci et lui adressa une injonction malhabile sur un ton des plus hautains :
– Épouse-moi Lass Arielle Rayna… Et ce n’est pas une demande, pas la peine de te méprendre sur d’éventuels sentiments amoureux, c’est un ordre ! Un devoir de ta part… Arielle, nous allons nous marier !

***


[1] Each Uisge : esprit maléfique écossais des fonds marins.
[2] Élodée : Genre de plantes aquatiques.
[3] Bride : Partie du harnais d’un cheval que l’on passe autour de la tête et du cou de l’animal pour le diriger.


 Déclaration des droits d’Auteur sous le numéro 00051639.
...................................

Ha ben pour ceux qui se demanderait ou est  le slip du petite Gand, et bien  je me le suis gardée.
Faut pas exagérer quand même.
Je suis assez joie et amour dans vos corps pour qu'en plus je vous laisse ça.

1 commentaire:

  1. que dire sinon ENCORE!!!!!!
    Quelle imagination! tu t'es énormément documentée,cela se ressent, ton récit n'en est que plus riche, attrayant et attractif, j'adoooooooore!

    RépondreSupprimer

Toi aussi tu es en pleine barronite aiguë? Ce n'est pas sale. Viens tout nous raconter.

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...